19/11/2008
La Grande Gaufre (05)
Tableau 5 : Méthode : La danse avec les loups
« Le principe de l'évolution est beaucoup plus rapide en informatique que chez le bipède. », Jean Dion
L'évolution de l'informatique est faite de haut et de bas. La dernière décennie, c'est plutôt en phase descendante. Parfois, avec une bonne dose d'humour pour ne pas sombre dans la déprime est nécessaire. Cela passe par des flash-back selon les besoins de l'enquête d'un Sherlock Holmes, nouvelle vague, muni d'un oscilloscope plutôt que d'une loupe. L'informatique, est-ce une jeunette primesautière de cinquante ans ou une vieille dame indigne à la recherche de son avenir ?
Ce qu'on y a adoré un jour, se voit haï, le lendemain et remplacé le surlendemain, plus conforme encore aux rêves de progrès tous azimuts. Pourtant, une facturation, une comptabilité, on fait cela depuis très longtemps. On constate, pourtant, que ces deux jumelles se retrouvent toujours dans les cogitations de la programmation. Rien de changé sous le soleil de la gestion interne ? Si, mais pas le fond. La surface, le côté "visuel", la convivialité, les validations ont simplement arrondi les angles en surface.
Maintenant, on s'adresse à tous les citoyens, pas moins exigeants. Chacun fait sa "compta" de son côté avec des outils adaptés. Ces derniers essayent, vaille que vaille, à tenir la "forme" par des mises à jour avec le moins de bourse à délier. Le PC s'amortit, désormais, après une vie de 3 à 4 ans maximum. La fiabilité de l'électronique y est certes pour quelque chose. La garantie s'est vue prolongée de deux ans. Le clavier, pièce mécanique, reste encore fragile. La presse constate même, tout à coup, qu'il contient les germes de maladie. La baisse du pouvoir d'achat de l'année 2008 a encore accentué le ralentissement. Désormais, le consommateur de matériel informatique tente les 4, 5 voire 6 ans avant de se renouveler. Les magazines proposent des solutions de fortune pour temporiser un nouvel achat. Les logiciels suivent la même voie du ralentissement sans connaitre plus de répit mais tournant, désormais, plus à vide. C'est lui qui devient le passage obligé vers le pas du changement. Les patches, les versions corrigées se téléchargent souvent automatiquement. Parfois, il faut vraiment rester dans le coup sous peine de ne plus pouvoir lire le fichier envoyé par un collègue ou ami qui a opté pour une version ultérieure, mais il y a des softwares proposent des convertisseurs.
Les bugs ne se définissent plus que comme "failles du système" mais sont plutôt appelés sous le vocable "erreur". Mais, erreur de quel système ? A quel niveau « hardware ou software », se situe le problème récurrent ? Enfin, récurrent, c'est encore facile, quand il devient aléatoire, là, on nage dans le néant. Où réside la panne et son origine ? Les commerçants, qui n'ont pas été formé à toutes les versions, renvoient les utilisateurs dans le giron des concepteurs ou vers Internet en espérant qu'ils puissent y trouver la source des problèmes. C'est vrai sur Internet, on trouve tout, firmware et correction des bugs. Les utilisateurs du monde entier ont souvent découvert le pot aux roses bien avant les concepteurs. Alors, il y a la solution "helpdesk". Internet égare l'utilisateur dans des catalogues de pannes préformatées, au vu de la complexité des phénomènes "bizarres". Internet répond aux questions si les bons mots clés ont été choisis pour le repérage. Les apprentis sorciers n'auront qu'à bien se tenir sur la bonne piste aux étoiles avec des programmes de recherches qu'il nous reste à décrire.
Il a des surprises sur prises en temps machine "fantôme" que le piratage impose aux consommateurs. Ils l'assument de bonne grâce avec son pare feux et son antivirus. Comme disait Anne Roumanoff au sujet d'Internet, "On ne sait pas ce qu’on y cherche, mais on trouve ce qu’on ne cherche pas". Comme rassembleur d'informations, Internet est arrivé à maturité et a eu son visionnaire au 19ème siècle. Un certain Albert Robida (1848-1926), un peu comme Jules Verne, avait tout imaginé avec son téléphonoscope. Ce n'était pas du "www", bien sûr, mais un journal télé avec écran plat, une webcam, des achats en ligne, un enseignement à distance, du MP3 et de la technologie RSS de recherches désirées. L'ensemble existait dans son esprit fertile qu'il a déposé dans son livre la "Vie électrique". Bien plus tard, l'idée a été reprise dans un réseau informatique mondialisé.
Les programmes, après avoir fleuri tous azimuts, installés sur les machines des utilisateurs, voilà que l'utilisateur trouve même des exutoires pour héberger ses données, sur le réseau, on line, avec des substrats des programmes professionnels pour pouvoir les utiliser. Quand la grande exigence n'est pas l'obligation majeure, pourquoi pas ? On est passé dans les nuages et le "cloud computing". La gratuité d'opération pousse à la consommation au risque de s'y perdre. Tous les softwares libres se sont retranchés derrière une acceptation de règles qui annulent d'office toutes responsabilités en cas de problèmes majeurs. Tous les programmes, les plus usuels avec l'espace disponible en prime grâce au sponsoring de la publicité sur le web, ce n'est même plus nécessaire. Le consommateur y a gagné s'il n'est pas trop regardant de sa sécurité et de sa vie privée. Le voilà caserné, pied et poing liés à ses données sur un serveur dont il ne connaît même pas la localisation.
Chez les Grands, les Datawarehouse, ces grands entrepôts de données, fournissent les données comptables, épaulées par les langages de plus en plus évolués et précis par des requêtes SQL mais sans aller dans l'« ésotériques » et le niveau "haut de gamme".
L'accélération des développements a pris des connotations exponentielles dans les choix disponibles d'un ensemble informatique plutôt qu'un autre. De nouveaux acteurs de cette transformation se sont ajoutés. Les outils se développent, en véritable schisme, en tant que propriétaire ou en libre de droit. Les suffixes "-ware" se sont emballés très "Tupperware". Même les entreprises privées et publiques ont tenté leurs virées vers les produits software "open source". Si, en ce début de siècle, des exigences "one shot" sont venues pour maintenir le niveau de stress ou d'activité supplémentaire, le coup de feu passé, a dû trouver d'autres alternatives.
Les années 90 voient les mainframes sortir de l'ambition des clients. Ce qui est toujours plus petit et plus rapide, se révèle, aussi, moins vorace en mètres carrés dans les locaux et moins intransigeant du côté conditionnement d'air et faux planchés. Les très chers mètres carrés de surface de bureau sont réutilisés. Les ventes de PC y vont continuer à croître, poussées par les softwares toujours plus sophistiqués mais aussi plus exigeant en capacité de calcul et en Mips pour atteindre une convivialité suffisante.
Le passage à l'an 2000, d'abord, avait donné un coup de fouet bénéficiaire à l'entreprise informatique en fomentant, chez les clients, une crainte justifiée par un risque non calculable. Le risque existait, bien sûr. Il a été seulement bien maintenu pour tenir le consommateur éveillé dans un esprit de "principe de précaution". Ne nous trompons pas, il s'agissait de corriger une erreur de la malvoyance des concepteurs qui ne voulaient pas voir le siècle se clôturer tout à fait normalement. Maisons de software et constructeurs ont profité de cette épée de Damoclès, sans en donner l'importance dans la clarté. Le pouvaient-elles d'ailleurs ? On avait même presque oublié ce phénomène de minimiser le nombre de digits dans la datation des événements pour raison de gains de place. Maudite étroitesse des possibilités de stockage ! Tout à coup, si rien n'était fait, on risquait de voir le petit fils, né avant son aïeul et la pension arriver au berceau. La correction s'est portée sur le "consommateur payeur" et tout s'est passé sans catastrophes.
Ensuite, il y a eu la monnaie qui a changé. Nous sommes passés de l'exclusivité du dollar aux challengers, l'euro et le yuan. Ce bouleversement dans les habitudes de partager la monnaie de référence a mené à des surprises moins désagréables. De nouveaux acteurs ont pris place dans la chaîne de la production de l'ajustement une fois le coefficient de conversion connu. Baptisé Écu, au départ. Renommé en "euros" plus proche de l'idée européenne, dès la naissance effective.
Les monnaies européennes, anciennes, "exotiques" pour le citoyen lambda américain vont disparaître et, dès lors, donner un nouveau ballon d'oxygène à l'industrie informatique dans la préparation de la conversion. Dans ce cas, on ne râlait pas vraiment pour imputer les frais de celle-ci chez les entreprises multinationales. Un futur commun, désiré, était en jeu. Tenir les taux de toutes ces valeurs au jour le jour était devenu lassant. Toutes les entreprises nationales et internationales ont dû mettre la main à la poche sans exception mais ils n'ont pas vraiment rechigné à la besogne. Une idée de stabilité des prix, de facilité dans le calcul des bénéfices devaient se retrouver au détour du chemin. Le pied, quoi. Cela a pourtant représenté beaucoup d'argent, un véritable investissement sur le futur. Aucune estimation n'a d'ailleurs, jamais été recherchée sinon dans de vagues calculs statistiques dont on détenait peu de paramètres. Les ordinateurs ont été sollicités et tous ce qui tournaient autour d'eux pour arriver dans les temps prédéfinis de communs accords. La conversion des anciennes monnaies en une monnaie unique ont heureusement été un peu plus souples dans leur timing d'implémentation fixé en plusieurs phases. Le commerce mondialisé, on y voyait que du bien dans la société moderne et comme le temps, c'est de l'argent, on a encore investi dans les machines et les programmes performants, développés pour la circonstance.
Le passage fixé drastiquement par le changement de siècle, avait eu, lui, des obligations dans l'impossibilité de retarder le temps. Cette fois, grosse différence.
Après ces deux événements, plus d'événements fédérateurs, de projets à planifier dans l'urgence ou dans l'obligation. L'industrie de la technologie et de l'informatique est comme les autres liées à des coups de pouce de la conjoncture. La confiance s'étiole vite dans un tel contexte. Aux USA, en Bourse, les TIC (Technologies de l'information et de la communication) se sont séparées depuis un certain temps, du Dow Jones dans le NASDAC. On ne pouvait confondre plus longtemps le réel ancestral avec le virtuel. Tous deux évoluent avec de fortes différences et effets de levier aussi bien en gain qu'en perte. L'informatique, malgré les prétentions, n'est pas devenue la première industrie du monde. Fusionner et racheter les entreprises ou morceler les activités pour raisons de monopole sont devenues des préoccupations en continu. Les plongeons de certaines entreprises se sont, pourtant, produits ensuite dans ce monde mondialisé qui se transformait en institutions boursières, recommandées seulement par une logique plus particulière à la haute finance. Une société, en perte de vitesse, cherchera bizarrement à acquérir son concurrent au prix du marché pour noyer ses propres difficultés. Élargir ses horizons et assumer les frais sur plus d'épaules avec le goodwill en parapluie est le but principal. Wall Street aime le mouvement et des raisons de se sécuriser même si c'est à coup de bluff. Des cascades de fusions en forme de poupées russes, dont on ne parvenait plus à en ressortir la base, comme modèle, ont été l'étape de l'excès dans beaucoup de secteurs de l'économie. Après la fusion de deux entreprises, laquelle des deux allaient garder son parc informatique plutôt que l'autre ? Une question de logique ou de politique ?
La spécialisation à outrance dans le domaine informatique ne le permettait que beaucoup moins pourtant. Les conversions n'étaient pas aussi simples qu'on l'espérait. Des appels d'air devenaient possibles en provenance de pays aux coûts de fonctionnement moins plombé par les salaires.
Le livre "La Grande Trappe" en a fait allusion en long et en large au développement des grandes sociétés internationales. Rien n'est complètement différent d'une vie de société à une autre. Les OPA ou OPE ont souvent promené les conseils d'administration de pays en pays. Chevalier blanc ou noir, pas de différence majeure, sinon une couleur bien ou mal uniformisée aux destins bien ou mal précalculés. Une recherche d'un attaquant plus ou moins dans la note de la stratégie du plus fort. Le client ou le fournisseur, en aval, devait rechercher son retour en piste dans ce marché de dupes pour lui.
"Show with the business must go on". Comme l'herbe n'était résolument pas plus verte ailleurs, pour les employers informaticiens ou autres, il fallait soit prendre son pied soit le bouffer.
La sécurité va prendre la relève, par la suite. Nous allons le voir bientôt dans un chapitre suivant.
La société PDP - Digital n'exista plus, remplacée par Compaq, elle même, en 2001, renvoyée dans les oubliettes de l'histoire, sous Hewlett-Packard, (HP pour les intimes) plus traditionnelle qui reprend le flambeau jusqu'à nouvel ordre.
A Bruxelles, les locaux de HP sont devenus depuis, l'Ambassade de Chine. Les locaux de Compaq sont démolis.
A l'Ouest, rien de nouveau ? Pas tout à fait. La véritable nouveauté, nous venons de le voir, venait à partir de l'Est, du Far East, même, et de manière encore plus accélérée. Du côté matériel, mais aussi du côté humain car il a fallu chercher de l'aide pour ces grands projets ponctuels. Ici, en gros, il s'agit de l'Inde et cela va troubler beaucoup d'esprits en occident. Nous allons y revenir.
Une autre société que je connais mieux va, dès lors, occuper une partie de cet eBook. Ce sera le tour d'Unisys, même si elle ne diffère aucunement des autres.
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